Le professeur de yoga Gregorian Bivolaru

 

Les premiers pas en yoga

Gregorian Bivolaru est né le 12 mars 1952 à Tărtășești, près de Bucarest. Il était un enfant introverti, attiré par la contemplation et doté d'un immense désir de connaissance. Il lisait avec ferveur, beaucoup de livre, sur tous les thèmes. Ses camarades de classe se souviennent de lui comme étant un élève sérieux, qui impressionnait les professeurs par ses vastes connaissances, qui dépassaient de loin le niveau d'un écolier ordinaire. Dès son enfance, il a vécu des expériences spirituelles extraordinaires, des états de Conscience Cosmique, et a eu l'intuition de sa destinée spirituelle exceptionnelle. Dieu s'est révélé à lui en tant que réalité vivante, grandiose et éternelle. La prise de conscience de la présence mystérieuse de Dieu a éveillé en lui une aspiration inébranlable de perfection et un désir intense d'aider les autres à découvrir Dieu.

Il a fait ses études secondaires à Bucarest, ce qui lui a permis de fréquenter les grandes bibliothèques de la capitale. Il y étudiait très attentivement, parfois pendant des jours, des livres sur le yoga, l'alchimie, la parapsychologie, la sexologie et l'ésotérisme. La découverte de la tradition fondamentale du yoga a été pour lui une grande révélation. Il a immédiatement compris que le yoga offre des méthodes pratiques très efficaces, menant à la découverte de la Vérité Ultime. Il pratiquait avec ténacité les techniques de yoga, jour et nuit, jusqu'à 8-9 heures par jour. Il a rapidement obtenu des résultats remarquables et de profondes transformations intérieures, qui lui ont permis de transmettre aux autres les mystères de la tradition millénaire du yoga.

Ses préoccupations spirituelles ont toutefois rapidement attiré l'attention des autorités communistes. Sous le dictateur Nicolae Ceausescu, le régime communiste n'acceptait aucune autre philosophie que le matérialisme dialectique. Toute personne qui manifestait un intérêt pour la spiritualité était inscrite sur la "liste noire" de la Securitate (SRI) et était ensuite systématiquement surveillée et suivie en raison du danger potentiel de générer des courants d'opinion contraires à l'idéologie communiste. C'était également le cas de Gregorian Bivolaru.

Dans le collimateur de la Securitate

Après avoir commencé à correspondre avec Mircea Eliade, le grand historien des religions qui vivait en France et qui était considéré par les communistes comme un "ennemi du peuple", Gregorian Bivolaru a connu sa première descente de la Securitate (SRI) à son domicile en 1971, avant ses 20 ans. Sous le prétexte absurde de rechercher des armes disparues d'un entrepôt, trois agents de la Securitate ont été chargés de perquisitionner son domicile. En réalité, ils voulaient l'intimider. Ils ont confisqué tous ses livres sur la spiritualité, tous ses journaux intimes, ses carnets, ses notes et sa correspondance avec des personnes de l'étranger. C'est ainsi qu'a commencé une période de dix-neuf années de terreur et de harcèlement de la Securitate, jusqu'en décembre 1989, date de la chute du régime de Ceausescu.

Conscient des risques auxquels il s'exposait, Gregorian Bivolaru a commencé à enseigner le yoga au début des années 1970, sous le terme de "gymnastique psychosomatique", dans diverses "maisons de culture" et centres des étudiants, jusqu'en 1981, date du grand scandale lié au Mouvement Transcendantal en Roumanie. À cette occasion, le régime Ceausescu a arrêté et emprisonné des centaines de pratiquants de ce mouvement, en les accusant de "mysticisme suspect pouvant conduire à la déstabilisation de l'État". Par la suite, toutes les pratiques spirituelles orientales, y compris le yoga et les arts martiaux, ont été interdites. Gregorian Bivolaru a continué à pratiquer le yoga et à l'enseigner aux personnes intéressées, en cachette, sous la surveillance et le harcèlement constants de la Securitate (SRI). Le 17 avril 1984, Gregorian Bivolaru a été arrêté, dans une maison privée, avec dix-sept autres personnes auxquelles il enseignait le yoga. Ils ont tous fait l'objet d'une enquête et ont été intimidés, mais Gregorian Bivolaru a été emprisonné, battu terriblement et torturé dans une prison de la "Securitate" communiste, sans pouvoir ni communiquer avec sa famille, ou ses amis, ni demander le conseil juridique d’un avocat.

En réponse à ces abus, qui aurait même pu conduire à son annihilation, Gregorian Bivolaru s'est évadé, utilisant même les capacités paranormales qu'il avait acquises par la pratique du yoga. Quelques jours après cette fameuse évasion, il a été à nouveau arrêté et le système juridique communiste l'a condamné pour s'être évadé de la prison de la Securitate, sans l'inculper d'aucun autre délit - qui aurait théoriquement été la raison de sa première arrestation. Il a été emprisonné pendant un an et demi dans des conditions de détention très dures, avec des chaînes de 7-8 kg aux pieds, dans des cellules sans fenêtre ni chauffage, y compris en hiver.

Les dernières années sous le communisme

Après sa libération de prison en 1986, il a constamment figuré sur la liste des personnes les plus dangereuses pour le régime communiste, étant constamment dans le collimateur de la Securitate. Mais à aucun moment il n'a cessé de pratiquer et d'enseigner le yoga, accomplissant ainsi un acte unique de résistance spirituelle dans la Roumanie communiste.

Gabriel Andreescu, chercheur des archives du CNSAS, dissident et militant des droits de l'homme, affirme dans son livre "MISA - La radiographie d'une répression" que le groupe de yogis coordonné par Gregorian Bivolaru est "le seul exemple de résistance collective de longue durée sous le régime de Nicolae Ceaușescu".

La répression a culminé en 1989 avec l'arrestation, la condamnation politique et le placement de Gregorian Bivolaru à l'hôpital psychiatrique et de sécurité maximale de Poiana Mare - une soi-disant clinique pour maladies psychiatriques. En réalité, c’était un lieu désolant et terrible où les prisonniers politiques indésirables qui ne partageaient pas la vision du régime communiste étaient placés pour une extermination graduelle.

Le dossier médical du prisonnier Gregorian Bivolaru montre qu'on lui a prescrit des médicaments qui auraient tué un homme ordinaire en quelques semaines seulement. Cependant, le médecin qui était censé lui administrer ce traitement a risqué sa carrière et a refusé de faire ce qu'on lui avait demandé. Bien des années plus tard, ce médecin, Leonard Hriscu, a déclaré dans une interview : "Gregorian n'était pas un homme qui avait besoin d'un quelconque traitement psychiatrique ; il savait beaucoup de choses et était un homme d'une grande culture, de sorte que je ne réussissais pas à être à son niveau au cours des discussions que nous avions. Il était hors de question que j'accepte le diagnostic qui lui a été imposé."

À titre de confirmation supplémentaire, le tribunal de Bucarest a constaté en juillet 2011 - dans une décision judiciaire définitive, fondée sur la loi relative aux condamnations politiques pendant la période communiste - la nature politique des condamnations de 1977 et 1984 et de l'internement à l'hôpital psychiatrique de Poiana Mare en 1989. En d'autres termes, Gregorian Bivolaru n'était pas coupable d'avoir violé les règles de droit commun, mais de s’opposer - en défendant des valeurs et des principes autres que ceux prônés par le régime communiste totalitaire.

 

Après la chute du régime communiste

En décembre 1989, lors de la chute officielle du régime communiste en Roumanie, une commission constituée d'urgence a décidé de libérer Gregorian Bivolaru de la prison-hôpital de Poiana Mare. Le 12 janvier 1990, Gregorian Bivolaru présentait déjà sa première conférence et ouvrait son cours de yoga, reprenant ainsi ses activités spirituelles dans un pays apparemment libre. En janvier 1990 également, il a fondé ce qui allait devenir la plus grande école de yoga d'Europe et un véritable pôle de promotion de la spiritualité et de la discipline du yoga en Roumanie: le Mouvement pour l'intégration Spirituelle dans l'Absolu - MISA.

Malheureusement, la situation en Roumanie n'a changé qu'en apparence, car les communistes ont réussi à accaparer le pouvoir dans le vide créé par la révolution, et le SRI est devenu l'héritier de la redoutable Securitate. De nombreux procureurs de l'ancien régime sont restés en place, continuant à appliquer les pratiques communistes et à persécuter ceux qui les avaient défiés auparavant. Le harcèlement de Gregorian Bivolaru s'est maintenu plus ou moins ouvertement, accompagné désormais d'un véritable lynchage médiatique lancé par les publications du SRI. Leur objectif était de détruire sa crédibilité et son image publique et, enfin et surtout, de détruire l'école de yoga qu'il avait créée.

Malgré tous les obstacles, Gregorian Bivolaru a poursuivi son activité spirituelle, guidant comme un mentor le développement de l'école de yoga, ainsi que son activité littéraire, publiant à ce jour plus de 150 livres et brochures et des centaines d'articles. Le cours de yoga qu'il a structuré s'est quasiment répandu dans toute la Roumanie, et des écoles sœurs ont ouvert leurs portes dans plus de 30 pays sur tous les continents.

 

Une personne gênante pour les structures du pouvoir

Convaincu qu'une personne spirituelle ne peut pas rester indifférente à ce qui se passe autour d'elle, Gregorian Bivolaru a écrit de nombreux articles et a tenu plusieurs conférences dans lesquels il a exposé avec courage les actions obscures de divers groupes d'intérêt qui arrivaient à influencer et même à contrôler les structures politiques et économiques ; il s'agit notamment du groupe occulte et diabolique de la franc-maçonnerie mondiale. En conséquence, il recevait des lettres de menaces lui demandant de "cesser à faire ses révélations". En février 1995, une explosion dévastatrice détruit sa maison située dans le quartier de Rahova à Bucarest. Une main criminelle a découpé la grille métallique de la fenêtre de sa salle de bain et a saboté l'installation de gaz afin de provoquer une explosion. Heureusement, l'explosion s'est déclenchée avant que Gregorian Bivolaru n’était rentré chez lui. Deux commissions indépendantes ont prouvé qu'il s'agissait d'un acte criminel intentionnel, mais, étrangement, les autorités n'ont ouvert aucune enquête.

"L’Opération Christ"

Malgré la campagne de dénigrement dans la presse et malgré certaines actions d'intimidation de la part de la police, l'École de Yoga MISA a continué à se développer, éveillant et inspirant des idées et des valeurs spirituelles à des dizaines de milliers de personnes. Parce qu'un groupe aussi important est gênant pour les structures du pouvoir, et parce que Gregorian Bivolaru était déjà une personne gênante à bien des égards, en mars 2004, MISA a été victime de ce que les médias ont présenté comme "la plus grande opération contre le crime organisé en Roumanie depuis la Révolution". Plus de trois cent gendarmes, procureurs, policiers et hommes masqués ont pris d'assaut seize domiciles privés des étudiants en yoga MISA, les malmenant et les terrorisant, prétendant avoir affaire à un réseau de prostitution, de drogue et de trafic d'armes. En réalité, ils n'ont trouvé aucune preuve incriminant les membres et sympathisants de MISA pour justifier l'énorme déploiement de force. Les abus incroyables commis par les autorités à cette occasion ont fait l'objet des actions devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Douze ans plus tard, en 2016, les pratiquants de yoga qui ont poursuivi en justice l'État roumain ont obtenu gain de cause, avec des dommages et intérêts s'élevant à près de 300 000 euros. Par contre, les enquêtes visant à retrouver les coupables de ces abus ont été éludées depuis longtemps.

La principale cible de cette action abusive était évidemment le maitre spirituel de l'école, Gregorian Bivolaru. Il s'agissait également d'une tentative désespérée de faire diversion, de détourner l'attention du public des autres questions politiques et scandales du moment, notamment le vol de 50 millions d'euros commis par un membre éminent du PSD, Gabriel Bivolaru. Par la suite, dans une interview accordée à la chaîne de télévision Antena 1, Adrian Nastase a admis que la répression contre MISA et Gregorian Bivolaru, bizarrement mais significativement appelée "L'Opération Christ", était une grosse erreur, confirmant indirectement son implication. Contraint par ces circonstances dramatiques et convaincu qu'il ne bénéficierait pas d'un procès équitable en Roumanie, Gregorian Bivolaru a quitté le pays et a demandé l'asile politique en Suède. La Cour Suprême de Stockholm a enquêté de manière sérieuse cette affaire et a refusé les demandes d'extradition émises par l'État roumain, en accordant à Gregorian Bivolaru la protection et l'asile politique, en janvier 2006. Jusqu'à présent, il s'agit de l'un de très rares cas où un État européen protège un citoyen contre un autre État de l'Union Européen.

Entre temps, les autorités roumaines ont fabriqué deux affaires pénales, "commandées" contre Gregorian Bivolaru sur la base des témoignages extorqués par la force ou le chantage, en l'absence de toute preuve. Après deux acquittements successifs, en première instance et en appel, la Haute Cour de Cassation et de Justice a annulé les décisions précédentes et l'a condamné à tort à six ans de prison pour un acte sexuel présumé avec une personne mineure. Pourtant "la victime", Mădălina Dumitru, a nié cette accusation tout au long du procès, se plaignant plutôt des abus des procureurs dont elle a été victime. Il est important de noter que, récemment, plusieurs anciens employés du Système Judiciaire roumain ont révélé la manière dont les dossiers sont fabriqués à la demande du SRI et dont les juges obéissent aux décisions qu'on leur ordonne de prendre, soit pour leur profit personnel, soit en succombant au chantage. Par exemple, le juge, Ionut Matei, qui a décidé la condamnation de Gregorian Bivolaru, se trouvait dans une telle situation, car il faisait l'objet d'un chantage dans le dossier "Cămătarii".

Au lieu de conclusion

Actuellement, des centaines de professeurs de yoga dans le monde entier enseignent le yoga sur la base des cours et de la méthodologie structurés par Gregorian Bivolaru à l'École de Yoga Ésotérique MISA. Le fait que des dizaines de milliers de personnes bénéficient aujourd'hui directement ou indirectement de son travail de toute une vie est une confirmation de la valeur de ses enseignements. Personnalité marquante, le professeur de yoga Gregorian Bivolaru a dérangé certains personnes par ses révélations et ses actions, et il en a inspiré d'autres. Il n’a jamais cessé de guider sur le chemin de la perfection - avec une grande modestie et un état permanent de canal divin – les assoiffés de spiritualité, ceux qui, avec attention et persévérance, mettaient en pratique ses enseignements.